La première guerre mondiale, retour sur quatre années en photographies historiques.
Je vous invite à un voyage dans le temps, découvrir ou redécouvrir 4 années, quatre longues années qui ont marqué à jamais l'histoire de l'humanité.
De la mobilisation générale à l'armistice, nous allons nous replongés dans l'enfer des tranchées, avec ses gaz de combats, son artillerie, ses conditions de vies, ses blessés, ses morts aussi.
Ils n'avaient que vingt ans pour la plupart d'entre eux.
Vingt ans...
Ces archives sont issues de deux collections privés, la première a échappé de peu à la benne il y a plusieurs décennies, la seconde, est issue d'un héritage du grand-père ayant participé à ce conflit.
C'est plus de 280 prises de vues sur plaques de verres qui ont été photographiées, une par une, puis numérisé avec l'identification et la légende écrite sur les originaux.
Je vous propose une sélection, de ce trésor, pas de guerre, mais historique.
__________________________________________________________________________
Le 2 août 1914, la mobilisation générale...
C'est la première fois qu'une mobilisation générale est décrétée en France (en 1870, seule l'armée de métier est mobilisée) ; la seconde fois, elle a eu lieu en 1939.
3 780 000 hommes sont mobilisés en ; au total, durant toute la guerre, environ 8 410 000 soldats et marins français furent mobilisés, dont 7 % de soldats indigènes.
la mobilisation française s'est déroulée en 17 jours, du 2 au , comprenant le transport, l'habillement, l'équipement et l'armement de plus des trois millions d'hommes dans tous les territoires français, essentiellement en métropole mais aussi dans certaines colonies, puis leur acheminement par voie ferrée essentiellement vers la frontière franco-allemande de l'époque.
Extrait d'une lettre du Sergent Jean-Marie CHAUBET, 82 °RI
« Nous partons de Montpellier à 5h40. La foule nous ovationne dans toutes les gares que nous traversons et nous apportent des fleurs ou de quoi manger.
A la gare du Teill on nous offre du café et nous achetons un drapeau sur lequel est inscrit ces quelques mots : "Honneur : Patrie, 81e, 2e section, 12e Cie."
Nous jurons qu’il ira à Berlin. »
__________________________________________________________________________
L'exode...
Lors du premier conflit mondial, alors que les frontières nationales s’effacent et que s’installe le front, plus de 12 millions d'Européens se trouvent à un moment donné amenés à fuir la guerre, à devenir des « réfugiés ».
Cela ne vous rappelle pas quelque chose?
__________________________________________________________________________
La vie de troupe...
Malgré les conditions difficiles, il fallait organiser un semblant de vie quotidienne. Une organisation du temps, répartie entre corvées (patrouilles, aménagements et entretien de la tranchée) et temps libres souvent consacrés à l'écriture, aux jeux et au repos.
__________________________________________________________________________
Mouvements de troupes...
Tout au long de la première guerre mondiale, les va-et-vient des troupes et du ravitaillement se multiplient entre l’arrière et le front, entre les premières lignes et les secondes lignes. Les images des taxis de la Marne et de la Voie sacrée, célèbre artère reliant Bar-le-Duc à Verdun où circulent des norias de véhicules, immortalisent le plus souvent le transport militaire durant le conflit.
__________________________________________________________________________
Coté artillerie...
Dans l’histoire de l’artillerie, la Grande Guerre marque une accélération. Les conflits précédents avaient anticipé son rôle prépondérant. Cependant, son emploi va sensiblement évoluer au cours de la guerre. Jamais jusque-là un conflit n’avait concentré une telle puissance de feu et le bombardement massif devient une réponse au blocage stratégique. L’artillerie domine de telle manière qu’on la considère comme la reine des batailles.
__________________________________________________________________________
Quand l'artillerie gronde...
On estime à environ 1 milliard, le nombre d'obus tirés par les belligérants pendant les quatre années du conflit. 15% d'entre eux n'auraient pas explosés et sont accusés encore aujourd'hui de polluer les sols et les eaux.
__________________________________________________________________________
L'enfer des tranchées...
Armand Dupuis, 27 février 1916, Lettre extraite du cahier de M. Dupuis, instituteur à Cellefrouin
"Notre tranchée n'est qu'un modeste fossé creusé à la hâte. Nous y restons tapis en attendant que les boches attaquent. Le 27 au soir nous contre-attaquons à la nuit tombante. Nous avançons sous un feu d'enfer, toutes les figures me semblent avoir des expressions extraordinaires. Personne ne semble avoir peur, car chacun sait ce qui l'attend. On n'entend que le crépitement de la fusillade, les éclatements des obus, et les cris étouffés de ceux qui sont frappés."
__________________________________________________________________________
Dans les boyaux...
Un boyau est une voie de communication entre deux lignes de tranchées. C’est par les boyaux que « montent » et « descendent » les unités lors des relèves , non sans problèmes, dus à l’étroitesse du boyau qui peut empêcher les files d’hommes de se croiser, et aux ramifications multiples qui font s’égarer les unités.
Extrait d'une lettre de Jean DELEAGE, écrite le 29 septembre 1915 à son épouse.
"Je suis depuis ce matin dans des tranchées conquises depuis 2 jours, l'ensemble de ces tranchées et boyaux forme un véritable "labyrinthe", où j'ai erré 3 heures cette nuit, absolument perdu. Les traces de la lutte ardente y sont nombreuses et saisissantes"
__________________________________________________________________________
Les entonnoirs...
L' entonnoir est une excavation, souvent importante, produite par l’explosion d’une mine. Désigne aussi un trou d’obus particulièrement large. On parle de la « lèvre » d’un entonnoir pour désigner rebord qui fait saillie sur le terrain suite à la retombée de terre, généralement disputé avec l’ennemi aussitôt après l’explosion de la mine.
__________________________________________________________________________
Les "postes d'écoute"
La première méthode de défense contre la guerre des mines est de détecter les travaux souterrains de l'ennemi. Pour ce faire, des rameux de combat sont creusés pour servir de postes d'écoute. Là, un guetteur va essayer de discerner les bruits indiquant le percement d'un tunnel. L'écoute se fait d'abord à l'oreille nue ; puis avec l'aide de dispositifs improvisés destinés à amplifier les sons, comme une jarre remplie d'eau à la surface de laquelle le guetteur pose son oreille. Ensuite apparaîtront des écouteurs ressemblant aux premiers des stéthoscopes.
__________________________________________________________________________
Une invention terrible, le gaz de combat...
Lettre de Robert JAISSON, porté disparu le 17 avril 1916, à l'âge de 19 ans.
"En même temps, on vient de nous distribuer nos nouveaux masques contre les gaz asphyxiants. Je voudrais que tu voies la tête que l’on a avec cela. Il se décompose en 2 parties : 1° des lunettes, 2° un tampon en forme de groin de cochon que l’on applique sur le nez et la bouche"
__________________________________________________________________________
Sous la neige...
Pierre BARDAY, depuis la première ligne, le 26 février 2016.
"Comment te dire ? Je ne sais pas par quoi commencer. Ici il fait froid, la boue et la neige forment une glu épaisse qui nous enlise dans les tranchées et nous empêche d'avancer... Tout est sale, nos vêtements, nos corps, nos cheveux sont remplis de poux, de puces, c'est insupportable ! Il n'y a aucune hygiène. La bectance et le jus nous redonnent le moral mais dans cette atmosphère tout est froid et sans goût. Comme j'aimerais être avec toi..."
__________________________________________________________________________
Les début de la guerre aérienne!
En 1911, Le capitaine Bertram Dickson, le premier militaire britannique à avoir volé, prophétisa correctement l'usage militaire de l'aviation. Il prédit que les avions seront d'abord utilisés pour la reconnaissance mais cela forcera chaque camp à essayer de « gêner ou prévenir l'ennemi d'obtenir des informations », ce qui finira par tourner en une bataille pour le contrôle des airs. Ce fut exactement la séquence d'événements qui eut lieu quelques années plus tard.
__________________________________________________________________________
Etre blessé, êtres déchirés...
Extrait d'une lettre du Soldat Charles Guinant
"Verdun,
Le 18 mars 1916,
Ma chérie,
Je t'écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S'il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m'a coûté mon pied gauche et ma blessure s'est infectée. Les médecins disent qu'il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j'ai été blessé..."
__________________________________________________________________________
Vivre et côtoyer la mort tous les jours...
Mise en garde de l'auteur:
La galerie suivante comportant des photographies pouvant choquer, vous pouvez passer au chapitre suivant.
Extrait d'une lettre de Roland Dorgelès
"Sans regarder, on y sauta (dans la tranchée). En touchant du pied ce fond mou, un dégoût surhumain me rejeta en arrière, épouvanté. C'était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d'autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie, tout un amas de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans tête.
(...) On hésitait encore à fouler ce dallage qui s'enfonçait, puis, poussés par les autres, on avança sans regarder, pataugeant dans la Mort..."
__________________________________________________________________________
Paysages d'apocalypse...
Extrait de "¨Paroles de Poilus"
"Quand nous sommes arrivés par ici au mois de novembre, cette plaine était alors magnifique avec ses champs à perte de vue, pleins de betteraves, parsemés de riches fermes et jalonnés de meules de blé. Maintenant c'est le pays de la mort, tous ses champs sont bouleversés, piétinés, les fermes sont brulées ou en ruine et une autre végétation est née: ce sont les petits monticules surmontés d'une croix ou simplement d'une bouteille renversée dans laquelle on a placé les papiers de celui qui dort là."
__________________________________________________________________________
Quelques images, coté allemand...
Lettre de Hugo Müller, soldat allemand, tué le 18 octobre 1916 à Warlecourt.
« Tant mieux pour ceux que nous, ou ceux d’en face, avons pu au moins enterrer à peu près décemment ; mais encore aujourd’hui il y a des lambeaux de corps humain dans les barbelés. Devant notre tranchée, il y a peu de temps, il y avait encore une main avec une alliance, à quelques mètres de là, il y avait un avant-bras dont il ne restera finalement que les os. Que la chair humaine semble bonne pour les rats ! C’est affreux. Qui ne connaît pas la terreur l’apprend ici… Si la nuit je vais seul par les tranchées et les sapes, ici et là on entend des bruits […] à tout moment un soldat noir peut vous sauter à la gorge. Par une nuit d’encre c’est parfois réellement terrifiant ; mais avec le temps je me suis habitué et je suis devenu aussi indifférent que nos “ Landser ”. La guerre abrutit le cœur et les sentiments ; elle rend l’homme indifférent face à tout ce qui, autrefois, le troublait et l’émouvait : cependant cet endurcissement, cette dureté et cette cruauté devant le destin et la mort sont nécessaires dans la rage des combats auxquels conduit la guerre des tranchées. »
__________________________________________________________________________
Les prisonniers allemands
Entre 1914 et 1918, la France a ouvert et aménagé près de 500 sites de détention de prisonniers de guerre tant en métropole qu’aux colonies pour une population estimée à 530 000 prisonniers de guerre et internés civils.
__________________________________________________________________________
Les terrains et tranchées conquises
Extrait d'une lettre de Jules Gillet
Il écrivait souvent pendant la guerre, à sa femme Louise et à sa fille. Il survivra aux horreurs du front…
"Nous bondissons dans le feu des mitrailleuses des Boches embusqués dans leurs tranchées, la première ligne se rend au bout de quelques minutes, nous faisons neuf cent dix prisonniers et nous prenons deux mitrailleuses, là nous respirons cinq minutes et on repart plus loin. "
__________________________________________________________________________
Ambiance de victoire!
Extrait d'une lettre d'un poilu, écrite le 11 novembre 1918
"Ma chérie,
Que n’ai-je été aujourd’hui près de toi, avec nos chers enfants ?
C’est dans un petit village breton, Saint-Vincent, que j’ai vu le visage de la France en joie. J’étais parti de Nantes à 9 heures. On y disait que l’armistice était signé. Mais depuis trois jours ce bruit courait sans cesse, et sans cesse il était affirmé plus certainement ; et les cloches restaient muettes, il fallait attendre une confirmation officielle. Aussi la ville, ce matin, avait-elle repris son calme, les drapeaux seulement flottaient plus nombreux, et les illuminations préparées pour la veille au soir se résignaient à attendre encore douze heures..."
__________________________________________________________________________
Devoir de mémoire...
Pour ne pas oublier...
To not forget...
Da Ricordare...
Om te onthou...
Sich zu erinnern...
__________________________________________________________________________